samedi 18 juin 2011

La vie dans la loop

"To the loop!" Lorsque nous rentrons à la maison, le soir, après le boulot, c'est ce que nous dirons au gardien de sécurité qui est au point de contrôle à la sortie de la concession portuaire. La "loop", c'est là que nous habitons ; des petits lotissements résidentiels entourés de clôtures et de fils barbelés. On s'y habitue à la longue mais parfois on a envie de sauter la clôture et de s'évader l'instant d'une soirée pour s'apercevoir qu’on n’est pas seul et qu'il y a de la vie à l'extérieur des murs. Parfois nous improviserons une escapade nocturne dans l'un des... euh le seul club en fait qui n'est pas trop loin de notre village de travailleurs. Enfin, on pourrait certes se rendre dans les petits bars locaux; je le ferais bien, mais ce ne serait pas très sécuritaire... dit-on. Afin de palier à ça j'ai 'osé', la semaine dernière, me rendre dans un petit quartier de Buchanan avec Ahmed, mon chauffeur; il m'a invité à luncher chez lui le dimanche. La température extérieure ce jour là était très raisonnable... une trentaine de degrés et pas trop humide. Mais je vous jure, après 2 bouchées du plat que je partageais avec sa femme et son frère, je suis tourné au rouge et je me suis mis à suer de partout... WooooWW... La sauce était piquante. J'ai généralement une bonne tolérance aux épices mais cette fois ils m'ont eu!!
Identification discrète!
Sur le chantier, ici, nous sommes logés, nourris et... blanchis. À chaque jour, une dame vient dans ma petite maison et remet en ordre ma chambre et fait même la lessive. Faut se rappeler que nous somme plus de 150 à vivre dans les loop. Ça fait plusieurs vêtements et malheureusement, elles n'ont pas la même faculté que nos mamans de reconnaître à qui appartient ce jeans ou cette paire de bobettes! Donc oui, j'ai de drôles d'agencements de chaussettes mais généralement tout y est. La solution simple est donc d'identifier "discrètement" les vêtements. Voilà à quoi cela ressemble sur une paire de bas ! J’habite donc la maison 338, mais avant j’étais au 528 alors elles ont rayé le 528 et on écrit le nouveau numéro… Heureusement, ce n’est pas des vêtements auxquels je tiens beaucoup autrement, de voir du crayon à l’encre dans mon col de chemise ne me ferait pas plaisir.
Le titre de mon article revêt un autre sens ; on pourrait aussi dire « La vie dans la loupe » et ce ne serait pas un jeu de mots. En plus d’être entourés de clôtures barbelées, d’avoir à passer deux points de contrôle pour se rendre du boulot à la maison et un autre même lorsque je me rends au port et aussi d’avoir ses vêtements identifiés ; je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’on se sent constamment contrôlés et surveillés. Et puisque notre village compte environ 200-250 expats et locaux, les nouvelles vont vite mais ne sont pas toujours totalement exactes. Welcome in a gossip world !!! Ici, il suffit de peu pour que l’on s’imagine les plus grandes histoires.
Je vous donne un exemple. Tu rentres au boulot plus fatigué qu’un autre matin… première réaction et ce sera la même dans tous les environnements en fait : « T’as fait la fête hier ! » Ici l’on ne s’en tient pas qu’à cette simple affirmation ; on essaiera en plus de découvrir avec qui tu étais, à quel endroit et jusqu’à quelle heure tu y étais. Et si l’on ne le sait pas, c’est là que les problèmes commencent puisque les gens parlent et commenceront à imaginer des trucs. Et les potins commencent. Parfois c’est franchement chiant je l’admets, mais tu peux aussi jouer le jeu et laisser les gens parler et tourner le tout à la rigolade. Je deviens bon là-dedans ! J
Mais tout cela fait maintenant partie de mon quotidien, c’est une routine à prendre. On s’habitue aux inconvénients du chantier et on s’enrichit avec les rencontres, les discussions et les gens avec qui l’on travaille, se divertit et cohabite en même temps. Tout se vit avec intensité.
Bon sur ce je vous laisse. Bon weekend !
Mat

vendredi 20 mai 2011

Billet historique!!!

Aujourd'hui, 20 mai 2011, marque le début d'un renouveau pour le Libéria!!!!!
Je viens tout juste d'être témoin de l'arrivée, au port de Buchanan, du premier train de minerais de fer extrait à la mine de Tokadeh. ArcelorMittal Liberia et tous ses contracteurs ont réussi; nous avons réussi. Il s'agit du premier voyage de IronOre à traverser le pays en 20 ans, depuis la fermeture de LAMCO.

Vous auriez dû voir le sourire de tous mes collègues libériens. Ils ont de quoi être fiers; dans leur pays on importe, majoritairement.... en fait, on importe presque tout!!! Et voilà qu'ils se tiennent tranquillement prêts à exporter un de leur produit. Le 15 juin prochain, partira le premier navire.
Alors pour cela, je tiens à souligner ce nouveau jalon dans le développement de l'économie libérienne.

Bravo!

samedi 14 mai 2011

YEKEPA!


Blue Lake - Nimba mine
Non, ce n'est pas un cri de guerre Libérien... Yekepa, c'est une petite communauté du comté de Nimba, à la frontière de la Guinée et de la Côte-d'Ivoire. Cette ville, au milieu de la jungle, a été construite à l'époque de LAMCO (l'ancien exploiteur de la mine de minerais de fer) afin d'y héberger les différentes infrastructures nécessaires au fonctionnement du complexe. Je compte de grands ateliers de réparations de locomotives et de wagons, des entrepôts, des bureaux, un petit héliport, un hôpital, des écoles et quelques "area" où les travailleurs logeaient. Apparemment, selon le statut que tu avais dans l'entreprise, tu avais un droit d'accès différent aux différents quartiers du village. Aujourd'hui, la majorité des maisons sont occupées par des locaux et par les expats et le management de ArcelorMittal.
Moi et un monstre mécanique
Ce qui fait la particularité de ce petit coin de pays, par rapport à la côte atlantique, ce sont les montagnes. L'ancienne mine que l'on nomme aujourd'hui "Blue Lake" a été creusée dans l'une de ces montagnes qui est tout juste à la frontière des trois pays. Et personnellement, je trouve que c'est un lieu fort impressionnant. Non seulement la géographie est incroyable, mais la désolation qui entoure ce lieu est aussi poignante. J'en ai déjà parlé il y a quelques semaines, mais je le redis. Imaginez-vous un instant il y a 2 décennies, vous êtes opérateur de l'une de ces méga excavatrices et un soir, après avoir vidé le "bucket" de minerais dans un camion, vous tournez la "switch à off" et vous retournez à la maison. Vous ramassez vos effets et ceux de votre famille et vous prenez le prochain transport pour quitter le pays, votre maison, votre travail, vos amis, vos collègues... C'est la fin, tout le monde doit quitter en laissant tout en plan ; la guerre civile fait rage dans le pays. 
Plusieurs années plus tard, la mine revit, et toutes ces machines, ces infrastructures, tout est encore au même endroit. Les vandales et la nature ont pris graduellement possession des tout ça; il ne reste plus que les morceaux que les gens d'ici n'auront pas réussi à transporter au fil des années de guerre civile. L'ancien atelier de réparations a aujourd'hui l'air d'un cimetière de locomotives et de wagons. C'est impressionnant et évidemment ma grande curiosité m'a amené à faire un petit tour de reconnaissance avec des collègues.
Concasseur - Tokadeh mine
Je viens de passer un peu plus d'une semaine dans cette région tranquille du Libéria. C'est la deuxième fois en fait que j'y vais. Mais cette fois j'ai eu un peu plus de temps libre pour explorer autour de moi. Je suis allé dimanche dernier faire un petit tour sur l'une des montagnes; je suis allé à l'un des plus hauts points sinon le plus haut point du pays. J'ai fait la route en voiture mais j'ai quand même fait un peu de trecking au dessus pour me rendre jusqu'au meilleur point de vue pour voir Blue Lake, la Guinée et la Côte-d'Ivoire en même temps. Trop bien!!!!  J'ai franchement adoré.
Et petite parenthèse, mercredi dernier a marqué une étape dans l'avancement du projet sur lequel je travaille. La première pelletée de minerais a passé avec succès dans le concasseur et nous avons vu le début du "stock pile" se créer. Le point critique du projet étant de concasser et transporter suffisamment de minerais pour remplir un bateau qui devrait quitter le port de Buchanan dans maintenant un mois. Il y a encore beaucoup de pain sur la planche mais on y arrivera!

mercredi 4 mai 2011

Thank God I'm Alive!

Comme je soulignais lors de mes aventures au Cameroun il y a quelques années, lorsque je demande à des collègues africains comment ils vont, la réponse la plus commune n'est généralement pas notre traditionnel "Ça va!". On se réfère en effet souvent à Dieu pour dire que ça peut aller... Et ces derniers temps je comprends de plus en plus la signification profonde de tout cela et c'est pas évident à prendre! Je revenais à Buchanan il y a une dizaine de jours et deux collègues libériens sont absents.... l'un est malade; il a la malaria. Cette maladie est un vrai fléau ici et se manifeste surtout à cette période de l'année avec la saison des pluies qui débute. Que tu sois blanc, noir, jaune, rouge ou vert... personne n'est à l'abris. Il y a bien toutes ces médications qui aident à prévenir mais à long terme ce n'est pas souhaitable de toujours la prendre. Moi, je la prends toujours puisque ce sera pour moins de 6 mois. Autrement, plus long que ça, nombreux sont les expats qui diront que t'es mieux de juste traîner avec toi le "kit de survie". C'est une médication sur trois jours qui te guérira de la malaria, si elle est décelée rapidement dans le sang. Bref, cela te met KO pour 3-4 bonnes journées et ensuite tu es sur pieds... les gens vivent avec ça ici, c'est normal de l'attraper.
L'autre de mes collègues absent, était au chevet de sa femme, malade. Et j'ai appris qu'elle était décédée ce dimanche. Ça c'est un choc; elle n'avait qu'une quarantaine d'années. Et c'est malheureusement la réalité de bien des familles africaines de voir disparaître un parent si tôt. Aujourd'hui je comprends le sens de cette réponse "Thank God I'm Alive!".
Sur une note différente et bien inhabituelle, je vais parler politique. Hier matin je me suis réveillé, j'ai petit-déjeuné et arrivé au boulot, j'ai vite fait le tour des nouvelles et je dois avouer avoir pris quelques minutes de plus qu'à l'habitude pour essayer de comprendre ce qui était arrivé, lundi le 2 mai 2011, au Canada!!! Mon beau pays avait changé de face, il était devenu majoritairement bleu. Deux chefs de partis qui démissionnaient et une pluie de réactions hautes en couleurs sur les différents médias sociaux. Mais que s'est-il passé??? Qu'arrivera-t-il??? J'espère que Jack tiendra parole et qu'il fera une vrai opposition et aussi j'espère que Harper dit vrai et que les conservateurs en majorité feront en sorte d'unifier le pays.... humm J'ai des doutes là-dessus quand je vois le Québec qui s'affiche aussi orange que les Néerlandais le 30 avril au jour de la Reine. Bonjour l'unification!!!  Il ne manquerait plus rien que nous tombions en référendum pour la souveraineté de La Belle Province... et que ça passe!!! Ce serait le "boute"! Disons que le fameux "Si la tendance se maintient" de Radio-Canada n'a pas dû se faire attendre trop longtemps dans la soirée... :) Dur réveil, je vous jure!
Sinon, ici, c'est la routine qui reprend. Je continue de m'entraîner tous les soirs avec des collègues et des militaires de l'ONU au basket-ball ou au volley-ball. Et je me surprends à suivre le rythme. Apparemment cela paraît puisque j'aurais perdu du poids, du moins à la bedaine... Yesss  J'aurai vraiment l'air d'un super athlète à la fin de mon mandat ici. Il commence à pleuvoir de plus en plus, pour l'instant surtout la nuit alors ça va encore! Je quitte pour Yekepa pour environ une semaine ce jeudi; il y a un peu de travail de terrain et de la planif à faire pour l'entreposage de matériel. Cela fera du bien de quitter la côte pour aller dans les montagnes à la frontière ivoirienne et guinéenne. Je vous parlerai de ce petit coin de pays dans mon prochain bulletin.
Aller, bonne semaine!!!

lundi 18 avril 2011

Ma journée en un clin d'oeil

Mercredi dernier j'entamais un eurotrip "light version". Pourquoi, parce que j'en avais envie et aussi, mais surtout, parce que le billet pour l'Europe ne me coûtait rien! :-) Mais par dessous tout, c'était une super 'occaz' pour faire des retrouvailles.
Après une semaine intense à Montréal, je me suis donc réservé un petit 11 jours de vacances sur le vieux continent. Paris, Cracovie, et pour la suite, une petite tournée néerlandaise puis enfin, Bruxelles. Dimanche, c'est la fin, il faut bien travailler pour les mériter ces vacances; je retourne au Libéria.
Sans surprise, le bilan de ma visite parisienne fut un succès. Un souper à saveur de décalage horaire avec Amélie, un pique-nique sur le Champ de Mars avec Nico et Sophie, et quelques bons moments bien arosés avec Julien, Caro et leur super 'potes' en ont été la clé. Trop bien!
La suite, je vous l'écrie en directe de l'aéroport de Krakow, une pinte de Tyskie à la main. Il est passé 19h et le soleil n'est pas couché; j'avoue que cela change de Buchanan!!! Je viens de passer le weekend avec Adriana, mon amie/ex-collègue/ex-colloc en Inde. Nous avions fait notre stage ensemble à Mumbai. Il y plus de 3 ans, j'étais passé par ici avec d'autres fellow-backpackers, mais cette fois je revenais en ayant déjà un ou deux repères, ça fait toujours plaisir... Et en plus, j'ai aussi revu Martina, une autre stagiaire qui était aussi à Mumbai au même moment il y a 2 ans. Comme le monde AIESEC est petit!! Lors de mon dernier passage ici, c'était le début de l'hiver et il ne faisait pas très beau; par contre ce weekend, il a fait soleil et relativement chaud, pour la mi-avril. Température similaire à celle de Montréal en fait. 
Pour ceux qui me connaissent bien, c'est l'époque de l'année que je prèfère dans les pays à quatre saisons distinctes. Le moment de l'année où l'on peut enfin retirer nos 'suits de skidoo' et profiter du début des terrasses. Au risque de paraître 'macho', j'ajouterai que c'est le moment où les jupes réapparaissent enfin et qu'elles raccourcissent à mesure que le mercure monte...

L'ANECDOTE
Dans 30 minutes, je dois prendre le train pour me rendre à l'aéroport pour mon vol Ryanair à destination de Bruxelles. Je décide donc de marcher un peu dans ce grand parc qui fait le tour du MarketPlace dans la vieille ville à Cracovie. Il fait beau, le soleil est radieux et les filles sont belles. Mais attention, oui oui, elles le sont toutes!!!! Même les plus moches sont tout de même jolies, vous imaginez donc le sourire qui s'est accroché à moi ces derniers jours?? Ehhheehehhe.. :)
Souriant, je déambule dans le parc et soudain mon regard se pose sur l'une de ces jolies Polonaises. Vous savez ce croisement de regards intense qui n'arrive pas souvent? Voilà! Je lui lance donc un de ces clin d'oeil et elle me répondit en souriant un peu plus fort tout en tournant au rouge. :)
Ce fut suffisant pour "faire ma journée!"

Voilà pour les nouvelles, je vous dis à bientôt...

lundi 28 mars 2011

C’est bleu, virant au mauve; c’est petit et mon tout fait mal…

Bordel que ça fait mal!!!! Je crois qu’au moment où je me suis tapé les orteils contre la roche, j’ai dû réciter tous les plus beaux mots de la langue française, version québécoise. Ça nous est tous arrivé des dizaines de fois de se cogner les orteils sur une patte de chaise ou de lit… Ce que j’ai ressenti, ce sont ces dizaines de fois cumulées en une seule; je dois être bon pour dix ans là. Le pire c’est que c’est le petit orteil qui a pris le plus gros, ayoye! Encore un incident de plage…
J’espère juste que je vais arrêter de « bouetter » d’ici au weekend prochain. Eh oui, cela fera huit semaines déjà que je suis dans cette prison tropicale ce qui veut dire que j’aurai mes trois semaines de permission…. Yééééé !
Petite parenthèse, il n’y a pas eu que du mal à la plage hier; un collègue qui fêtait son anniversaire nous a gâtés. Il a acheté une douzaine de langoustines fraichement pêchées et un autre collègue, Acadien, nous les a apprêtées d’une façon… wow… j’en ai mangé deux énormes. Je me suis régalé. :)
Depuis les dernières semaines, j’ai de plus en plus l’impression de vivre dans une prison. Je ne sais pas si c’est le fait que j’approche de mes vacances mais à bien y penser c’est peut être plus les récents avertissements que nous avons reçus. Ici, comme je vous l’ai sans doute déjà mentionné, nous vivons dans un genre d’enclos avec des « checkpoints » à différents endroits. C’est pour notre sécurité certes, mais c’est étouffant à la longue.
D’abord on nous informe – un rappel en fait – que nous ne pouvons pas sortir de la concession après la tombée de la nuit; on nous a rapporté un vol/attaque à main armée en ville récemment. Pas rassurant! Par-dessus cela, on nous a fait un security briefing la semaine dernière sur la situation actuelle en Côte-d’Ivoire. Pas génial non plus. Des milliers de réfugiés affluent à la frontière libérienne depuis les derniers mois et récemment il y aurait eu des affrontements dans une région plus rapprochée de la mine où l’on extrait le minerai de fer. La mine se situe à environ 300 km de Buchanan donc y’a pas de souci pour le moment et selon les Nations Unies, c’est relativement stable comme situation (au Libéria) mais j’ai l’impression de voir moins de soldats qu’à l’habitude dans la base près d’où j’habite… Mais je ne saurais le dire avec certitude.
Enfin, même si y’a pas de quoi s’inquiéter par ici pour le moment, heureusement d’ailleurs, c’est quand même lourd à la longue de ne pas avoir accès au monde local à l’extérieur du port. Toujours entouré du même monde matin, midi, soir et nuit!!!! Y faut je sorte! Hhehheh Plus que 5 jours et je vais en vacances…. à Montréal. Comme tu disais Geneviève, cela sera exotique pour moi. Je passerai donc une semaine à la maison et une dizaine de jours à vagabonder en Europe.
« I’m coming, I’m coming… » Comme dirais les Libériens par ici.

mercredi 16 mars 2011

“It’s big, It’s new, It’s Russian!”

Vivre en collocation avec les Nations Unies, cela fait maintenant partie de mon quotidien. Après tout, je vis maintenant au Liberia ; il y a moins de dix ans le pays était encore en pleine guerre civile. Résultat, la concession portuaire de Buchanan qui appartient à mon client est aussi l’hôte de deux régiments de l’ONU. Leur code ici, c’est UNMIL (United Nations Mission In Liberia). Le Ghana et le Népal y ont des soldats en permanence sur deux bases séparées par une route, celle que j’emprunte chaque jour pour aller au boulot. Je vous dirait que c’est assez impressionnant à première vue d’être en tout temps entouré de militaires mais au final, cela apporte un certain sentiment de sécurité. Le pays est actuellement très stable donc il n’y a pas de quoi avoir peur mais pas très loin de nous à la frontière ivoirienne, il y a des milliers de réfugiés qui ont fuit à cause du climat tendu, surtout à Abidjan où deux présidents réclament le pouvoir suite aux dernières élections. C’est sur le campus du Ghana que je vais d’ailleurs jouer – presque tous les jours – au basketball ou au tennis avec mes collègues ; et parfois des soldats en pause.
Aujourd’hui, mardi, c’est férié au Liberia. J’en profitais donc pour marcher un peu autour de chez moi et soudain un hélicoptère passe au dessus de ma tête. J’ai l’habitude de ça aussi maintenant ; j’en vois passer un à deux par jour. Mais celui-ci a atterris cette fois. À l’époque, LAMCO, l’ancien exploitant de la concession, avait aussi construit un petit aéroport pour les petits vols locaux entre le port (Buchanan), Monrovia et la mine à Yekepa. Et ce petit aéroport est maintenant tout délabré, comme tout le reste autour, mais il sert maintenant d’héliport pour l’ONU et à l’occasion les VIP de mon client qui ne veulent pas se taper les 6-7 heures de tape-cul entre ici et la mine !
Grand curieux que je suis, je m’approche de l’aéroport – 5 minutes de marche de ma petite villa – et je vois ce gros appareil qui doit accommoder une dizaine de personnes. WOW ! Quelques expats à discuter autour, je m’approche. Je n’ai pas trop de difficulté à franchir la clôture puisque je joue à l’occasion au tennis avec le Ghanéen en poste… :P
Je n’ai pas eu le temps d’aller discuter avec les whitemen puisque l’hélico partait quelques minutes plus tard. Juste le temps de faire un clin-d’œil à l’hôtesse et de sortir une remarque digne des plus grands connaisseurs : « It’s a big helicopter ! » et le pilote de me répondre avec son gros accent russe : “Yeah… It’s big, It’s new, It’s Russian!”