lundi 28 mars 2011

C’est bleu, virant au mauve; c’est petit et mon tout fait mal…

Bordel que ça fait mal!!!! Je crois qu’au moment où je me suis tapé les orteils contre la roche, j’ai dû réciter tous les plus beaux mots de la langue française, version québécoise. Ça nous est tous arrivé des dizaines de fois de se cogner les orteils sur une patte de chaise ou de lit… Ce que j’ai ressenti, ce sont ces dizaines de fois cumulées en une seule; je dois être bon pour dix ans là. Le pire c’est que c’est le petit orteil qui a pris le plus gros, ayoye! Encore un incident de plage…
J’espère juste que je vais arrêter de « bouetter » d’ici au weekend prochain. Eh oui, cela fera huit semaines déjà que je suis dans cette prison tropicale ce qui veut dire que j’aurai mes trois semaines de permission…. Yééééé !
Petite parenthèse, il n’y a pas eu que du mal à la plage hier; un collègue qui fêtait son anniversaire nous a gâtés. Il a acheté une douzaine de langoustines fraichement pêchées et un autre collègue, Acadien, nous les a apprêtées d’une façon… wow… j’en ai mangé deux énormes. Je me suis régalé. :)
Depuis les dernières semaines, j’ai de plus en plus l’impression de vivre dans une prison. Je ne sais pas si c’est le fait que j’approche de mes vacances mais à bien y penser c’est peut être plus les récents avertissements que nous avons reçus. Ici, comme je vous l’ai sans doute déjà mentionné, nous vivons dans un genre d’enclos avec des « checkpoints » à différents endroits. C’est pour notre sécurité certes, mais c’est étouffant à la longue.
D’abord on nous informe – un rappel en fait – que nous ne pouvons pas sortir de la concession après la tombée de la nuit; on nous a rapporté un vol/attaque à main armée en ville récemment. Pas rassurant! Par-dessus cela, on nous a fait un security briefing la semaine dernière sur la situation actuelle en Côte-d’Ivoire. Pas génial non plus. Des milliers de réfugiés affluent à la frontière libérienne depuis les derniers mois et récemment il y aurait eu des affrontements dans une région plus rapprochée de la mine où l’on extrait le minerai de fer. La mine se situe à environ 300 km de Buchanan donc y’a pas de souci pour le moment et selon les Nations Unies, c’est relativement stable comme situation (au Libéria) mais j’ai l’impression de voir moins de soldats qu’à l’habitude dans la base près d’où j’habite… Mais je ne saurais le dire avec certitude.
Enfin, même si y’a pas de quoi s’inquiéter par ici pour le moment, heureusement d’ailleurs, c’est quand même lourd à la longue de ne pas avoir accès au monde local à l’extérieur du port. Toujours entouré du même monde matin, midi, soir et nuit!!!! Y faut je sorte! Hhehheh Plus que 5 jours et je vais en vacances…. à Montréal. Comme tu disais Geneviève, cela sera exotique pour moi. Je passerai donc une semaine à la maison et une dizaine de jours à vagabonder en Europe.
« I’m coming, I’m coming… » Comme dirais les Libériens par ici.

mercredi 16 mars 2011

“It’s big, It’s new, It’s Russian!”

Vivre en collocation avec les Nations Unies, cela fait maintenant partie de mon quotidien. Après tout, je vis maintenant au Liberia ; il y a moins de dix ans le pays était encore en pleine guerre civile. Résultat, la concession portuaire de Buchanan qui appartient à mon client est aussi l’hôte de deux régiments de l’ONU. Leur code ici, c’est UNMIL (United Nations Mission In Liberia). Le Ghana et le Népal y ont des soldats en permanence sur deux bases séparées par une route, celle que j’emprunte chaque jour pour aller au boulot. Je vous dirait que c’est assez impressionnant à première vue d’être en tout temps entouré de militaires mais au final, cela apporte un certain sentiment de sécurité. Le pays est actuellement très stable donc il n’y a pas de quoi avoir peur mais pas très loin de nous à la frontière ivoirienne, il y a des milliers de réfugiés qui ont fuit à cause du climat tendu, surtout à Abidjan où deux présidents réclament le pouvoir suite aux dernières élections. C’est sur le campus du Ghana que je vais d’ailleurs jouer – presque tous les jours – au basketball ou au tennis avec mes collègues ; et parfois des soldats en pause.
Aujourd’hui, mardi, c’est férié au Liberia. J’en profitais donc pour marcher un peu autour de chez moi et soudain un hélicoptère passe au dessus de ma tête. J’ai l’habitude de ça aussi maintenant ; j’en vois passer un à deux par jour. Mais celui-ci a atterris cette fois. À l’époque, LAMCO, l’ancien exploitant de la concession, avait aussi construit un petit aéroport pour les petits vols locaux entre le port (Buchanan), Monrovia et la mine à Yekepa. Et ce petit aéroport est maintenant tout délabré, comme tout le reste autour, mais il sert maintenant d’héliport pour l’ONU et à l’occasion les VIP de mon client qui ne veulent pas se taper les 6-7 heures de tape-cul entre ici et la mine !
Grand curieux que je suis, je m’approche de l’aéroport – 5 minutes de marche de ma petite villa – et je vois ce gros appareil qui doit accommoder une dizaine de personnes. WOW ! Quelques expats à discuter autour, je m’approche. Je n’ai pas trop de difficulté à franchir la clôture puisque je joue à l’occasion au tennis avec le Ghanéen en poste… :P
Je n’ai pas eu le temps d’aller discuter avec les whitemen puisque l’hélico partait quelques minutes plus tard. Juste le temps de faire un clin-d’œil à l’hôtesse et de sortir une remarque digne des plus grands connaisseurs : « It’s a big helicopter ! » et le pilote de me répondre avec son gros accent russe : “Yeah… It’s big, It’s new, It’s Russian!”

jeudi 10 mars 2011

"Chop-Chop", Frustrations & Compagnies

Une longue semaine s'achève, enfin. Plus que vendredi et samedi!
La semaine devait normalement commencer lundi dernier comme toutes les autres, à 07h00. Il en fût tout autrement; un navire cargo est arrivé au port dimanche matin plutôt que le soir. Normalement tu es content quand un chargement complet de fournitures de construction arrive plus tôt. vEn fait c'est relatif, il devait arriver fin janvier!!! Mais bon dans le cas présent, plus tôt dans la journée, un dimanche, ma seule journée de repos!!!!
Ce chargement, nous (l'équipe d'approvisionnement) devions en assurer la supervision pour que tout aille bien, nuit et jour.... Vous me voyez venir: j'ai hérité du quart de nuit. Nous n'étions que deux disponibles, les autres étant en vacances ou à Monrovia pour affaires. Douze heures de plaisir chaque nuit à superviser le déchargement du navire, pendant 3 nuits.... ouch!!! La première nuit je dois avouer que c'était en effet amusant de m'imiscer dans tout ce processus et de voir comment cela fonctionnait.
Le challenge de ces 72 heures continues de travail était que tout à bord n'était pas nécessairement conteneurisé; une palette par ici, un rouleau de fil électrique par là, une grue de 40 tonnes,10 camions "10-roues ou dump-trucks", et j'en passe. Donc il fallait placer le matériel dans la cale et ensuite le tirer avec une grue à l'extérieur. Je vous épargne les détails... Disons qu'une de mes réussites aura été de faire monter un chariot-élévateur à bord pour aider les débardeurs à faire leur boulot.
Un débardeur, c’est employé portuaire affecté au déchargement des navires. Dans le cas d’un port privé comme celui où je suis, c’est une entreprise contractuelle qui doit assurer le tout et qui doit fournir son propre matériel de déchargement pour rendre au client, sur la berge, ce qu’il attend. Là ce n’est que de la théorie ! En réalité, tu reçois une dizaine de gars peu formés, un bossman, et quelques câbles qui ont dû faire la guerre. Bonjour sécurité !
La première journée aura été de finalement fournir aux débardeurs ce qu’ils avaient besoin et de les former et surtout, de discuter, en vain, avec un abruti de bossman qui ne voulait rien que faire à sa tête… Bordel !
Une envolée de 40 tonnes
Ma deuxième nuit commença avec le mot « chop-chop » et cette expression hanta mes premières heures… Je cherche l’opérateur du chariot élévateur, l’opérateur de la grue, les débardeurs, peu importe qui je cherchais, on me disait : « Chop-chop ». Eh oui, ça veut dire parti-manger pour un indien qui ne parle pas trop anglais. Ok, parfait, on a tous le droit de manger… mais pourquoi ils ne se coordonnent pas tous ensemble pour ne pas arrêter le processus ??? Hein, pourquoi… eh oui pour embêter le ti-coune blanc-bec qui s’énerve à tout vouloir vider la cale du navire (c’est moi ça) !!
Si je vous présente la hiérarchie de projet en quelques mots : il y a le client ArcelorMittal qui nous embauche nous, SNC-Lavalin pour tout contrôler à leur place… ça inclut les contracteurs sur le chantier ; le plus important étant indien. Donc il y avait moi, le seul SNC ; le seul westerner présent la nuit qui représente le client et qui supervise un navire étranger au port, un entrepreneur local mal équipé pour décharger et le contracteur indien, tout ça sur un sol ouest-africain… what a mix !
J’ai bien hâte à mon dimanche pour me reposer ; pas de navire prévu ce weekend !!!
Bonne fin de semaine,
Mat.

mardi 1 mars 2011

A moment of genuine cheerfulness...


Un titre anglais, mais un texte bien franco... Simplement que ce titre m'est venu en tête alors que je discutais avec des collègues... en anglais! Et je trouve que la traduction sonne bizarre.... Faut croire que je m'anglicise!

Toujours est-il que dimanche dernier, c’était lunch (ou petit-déj, car je me suis levé très tard…) spécial… nous avons fait cuire des hot-dogs sur le BBQ chez des collègues. Yééé, je dois dire que ça fait un petit peu changement des plats servis à la cantine et surtout le fait que la température était splendide ; un soleil radieux ! Mais évidemment, ce n’est pas d’un simple BBQ que me vient mon titre.
En fait, à midi (SAT ou Standard African Time ou si vous préférez avec près de deux heures de retard) nous avons reçu une quarantaine de jeunes de différentes écoles de la région et nous avons partagé avec eux notre lunch. Mais l’idée de base de la réception c’était de leur offrir des ballons et des chandails de soccer. Bon c’était de l’équipement usagé certes, mais vous auriez dû les voir! Il ont accourus pour se procurer une balle et ensuite on les a accompagnés sur le terrain vague à côté pour se faire donner des leçons de « foot » par des jeunes de 10 ans à peine… Trop bien !
L’expression: « Offrez leur du pain et des jeux » prenait cette fois une toute autre dimension que celle dont je faisais référence dans mon blog il y a quelques années, une dimension cette fois plus humaine et VRAIE. Des hot-dogs, des bonbons, des boissons gazeuses et quelques accessoires de foot pour un après-midi réussi qui nous – du moins à moi – aura donné une super leçon !
Le moment culminant aura sans doute été de voir ces enfants courir, tout sourire, dans le champ avec leur nouveau ballon et leur provisions de pepsi et de sucreries dans leur poches qu’ils allaient rapporter à la maison pour partager avec leurs frères et sœurs. Et nous, expats qui ne manquons de rien, bras croisés à les regarder s’amuser, nous cherchions nos mots pour décrire la scène. Dans ma dernière chronique, je vous disais que l’Afrique ce n’est pas que ce que les nouvelles du soir nous rapportent, c’est aussi, des choses toute petites qui feront une grande différence pour ces enfants. C’est ÇA que je décris comme étant des moments de « Genuine Joyfulness » et c’est ce que les journalistes n’arrivent pas à nous transmettre, à nous Westerners !

Enjoy !

Mat.